Une importante rencontre a eu lieu ce 18 mars 2021 à Maroua, portant sur l’examen et la validation au niveau régional du Plan d’action territorial (PAT) de la mise en œuvre de la stratégie régionale de stabilisation du Bassin du Lac Tchad, en proie aux affres de Boko Haram depuis près d’une décennie. Cette rencontre présidée par le Gouverneur de la Région de l’Extrême Nord, a connu la participation de madame la représentante du secrétaire exécutif de la CBLT, des autorités préfectorales de la région, des autorités municipales des localités frontalières, du maire de la ville de Maroua, des différentes sectorielles, des organisations internationales, des ONG et OSC, au rang desquelles l’association GREDEVEL.
Le Gouverneur prononçant son discours d'ouverture
Cet atelier s’est ouvert par une phase protocolaire inaugurée par l’exécution de l’hymne national. Ensuite le Maire de la ville de Maroua a adressé un mot de bienvenue aux différents participants. Il a été relayé par la représentante du secrétaire exécutif de la CBLT et le consultant national en charge de l’élaboration du PAT, qui dans leurs différentes prises de parole ont adressé des remerciements au Gouverneur pour sa disponibilité et aux différents participants pour leur dévouement lors des étapes successives qui ont abouti à l’élaboration de ce PAT. Le Gouverneur a par la suite prononcé un discours d’ouverture des travaux de l’atelier, mettant ainsi un terme à la phase protocolaire.
Groupes de travail par Piliers
Les travaux de cet Atelier consistaient essentiellement à passer en revue le draft du PAT déjà consolidé lors d’une rencontre du même genre qui a eu lieu en janvier 2021, à la suite d’une précédente rencontre de collecte de données tenue en novembre 2020, avec à chaque fois les mêmes acteurs.
Concrètement, l’exercice auquel les participants étaient soumis consistait à valider, amender ou proposer de nouvelles actions dans les différents piliers du PAT, en y précisant les localités d’implémentation ciblées, en identifiant les acteurs devant intervenir pour leur mise en œuvre et en proposant une estimation budgétaire pour les actions supplémentaires.
Il convient de préciser que le draft du PAT consolidé avant la tenue de cet atelier avait été estimé à 328 millions de dollars, soit environs 180 115 000 000 de FCFA, pour un total de 35 actions prioritaires déclinées dans le tableau suivant :
Actions du PAT répertoriées par clusters et par piliers* | |
Piliers | Actions |
I. CLUSTER GOUVERNANCE | |
Pilier 5 : Gouvernance et contrat social | Encourager la participation citoyenne à la gouvernance locale |
Renforcer les capacités des représentants locaux à la gestion participative | |
Former les jeunes et les femmes sur la citoyenneté responsable | |
Pilier 9 : Autonomisation et inclusion des femmes et des jeunes | Prévenir les violences basées sur le genre (VBG) et prendre globalement en charge des survivants et survivantes |
Renforcer les capacités des femmes, des filles et de leurs associations sur leurs droits et devoirs ainsi que sur les VBG | |
Faciliter l’accès des femmes à la documentation civile | |
Appuyer les microprojets individuels, assurer la formation professionnelle certifiante et appuyer l'installation des jeunes | |
Accompagner les organisations de jeunes dans la réalisation des initiatives communautaires de développement | |
Développer des champs communautaires de groupes mixtes | |
Promouvoir les valeurs de travail, l’estime de soi et le travail en groupe | |
II. CLUSTER DEVELOPPEMENT, HUMANITAIRE, ÉDUCATION | |
Pilier 4 : Aide humanitaire |
Garantir le bien-être des réfugiés dans les camps |
Consolider le processus d’enregistrement et de documentation civile des réfugiés de la région | |
Inclure les populations déplacées dans les projets à quick impact | |
Assurer le soutien psychosocial et la cohésion sociale | |
Pilier 6 : Redressement socio-économique et durabilité environnementale | Assurer le relèvement économique et la mise en place des moyens de subsistance aux populations |
Réhabiliter ou reconstruire les infrastructures routières structurantes | |
Créer et construire des infrastructures de stockage, de conservation et de transformation | |
Formaliser la navigation fluviale sur le Chari et Logone | |
Réhabiliter ou reconstruire des marchés locaux | |
Améliorer la qualité des services rendus par les sectoriels | |
Créer un environnement propice aux affaires | |
Assurer un environnement durable et sain | |
Pilier 7 : Education, apprentissage, et compétences |
Réhabiliter ou construire des établissements primaires et secondaires publiques et centres de formation aux métiers émergents |
Assurer le plaidoyer pour le retour des élèves des écoles coraniques dans l’école classique | |
Promouvoir l’enseignement religieux et encadrer la promotion des écoles coraniques | |
III. CLUSTER SECURITE ET PROTECTION | |
Pilier 2 : Sécurité et droits de l’homme |
Créer des cellules et comités de protection dans les localités |
Former des moniteurs en droits de l’homme | |
Pilier 3 : Désarmement, démobilisation, réhabilitation, réinsertion et réintégration des personnes associées avec Boko Haram | Assurer la sensibilisation communautaire sur la réinsertion des ex-associés |
Élaborer des guides de réhabilitation pour tous les acteurs du développement | |
Promouvoir le dialogue communautaire et intercommunautaire et assurer des activités de cohésion sociale | |
Pilier 8 : Prévention de l’extrémisme violent et construction de la paix |
Formaliser les écoles coraniques en insistant sur la citoyenneté |
Mobiliser les communautés et diffuser des contre-discours | |
Soutenir localement l’architecture de paix | |
IV. INTERVENTIONS TRANSFRONTALIERES (nouveau cluster) | |
Créer des villages interdépendants dans les zones frontalières | |
Régler la question des souverainetés et harmoniser la perception du concept de Stabilisation |
* Les actions recueillies au cours de cet atelier ne figurent pas encore dans ce tableau
A l’issue des travaux, de nouvelles actions ont été retenues. Celles-ci seront intégrées dans le document final par le consultant national, avant sa transmission au Gouverneur de la Région. Il est donc prévisible que l’estimation budgétaire de ce PAT soit revue à la hausse, ainsi que le nombre d’acteurs identifiés pour son implémentation.
Le processus politique de validation du PAT de la Région de l’Extrême Nord est donc enclenché. Après validation du document final par le Gouverneur, celui-ci sera transmis au Ministre de l’économie de la planification et de l’aménagement du territoire (MINEPAT). C’est à ce niveau que se fera le lobbying pour la mobilisation des fonds nécessaires à l’exécution de ce plan.
En attendant, les acteurs de la société civile ainsi que les partenaires au développement espèrent vivement que ce processus parvienne rapidement à son terme, afin que l’implémentation de ce plan quinquennal puisse être lancé avant la fin de cette année ; son objectif avoué étant la stabilisation pérenne de notre région fragilisée par Boko Haram.